DE2017 CR défense

Jacques Favin_Lévèque Intervention Arras

Thomas Pellerin-Carlin Défense de l’Europe

1er décembre 2017 : «Europe et sécurité »

Comment l’Europe contribue à la sécurité et à la défense des Européens

Sécurité extérieure – défense

Vendredi 1er décembre deux conférences – débats à Arras sur les questions de sécurité en Europe.

La deuxième conférence de 18h à 20h a rassemblé une centaine de personnes sur le thème « Sécurité extérieure et défense de l’Europe»

Quentin Dickinson, directeur des affaires européennes à Radio France, introduisit les débats après deux exposés introductifs:

Thomas Pellerin-Carlin, chercheur à l’Institut Jacques Delors, présente les raisons qu’à l’Europe de prévoir sa défense, puis les dispositifs de défense de l’Europe : l’ONU, l’OTAN, dont l’article 5 qui prévoit la défense du territoire européen, l’Union européenne, dont le traité de Lisbonne comprend une clause de solidarité, le rôle des armées nationales et celui de la dissuasion nucléaire.

Jacques Favin–Lévèque, général 2eme section, membre de d’Eurodéfense-France, présente les nouvelles initiatives européennes pour relancer l’Europe de la défense. Il s’agit essentiellement de la création, lundi 13 novembre 2017, par vingt-trois pays de l’Union européenne d’une « Coopération structurée permanente de défense » Ces pays s’engagent sur des objectifs  budgétaires (2% du PIB en dépenses de défense), de capacité, de règles d’engagement sur des contributions en hommes et de participation à un Etat-major opérationnel permanent. 13 projets sont définis auxquels participeront les pays volontaires (drone européen, ravitaillement en vol, communication par satellites, cyberdéfense, sécurité maritime …) Un fonds européen de défense est créé pour financer la recherche militaire et l’équipement des armées avec du matériel développé en commun.

La table ronde , animée par Quentin Dickinson accueille le général de division Eric Hautecloque-Raysz, second du Commandement des forces terrestres – basé à Lille, ancien adjoint au général commandant le Corps de réaction rapide européen à Strasbourg, ancien commandant de la mission européenne EUTM en République centrafricaine, Nicolas Gros-Verheyde, journaliste spécialisé UE et défense, correspondant à Bruxelles pour le quotidien français Sud-Ouest, qui tient le site internet spécialisé dans ces questions « Bruxelles 2 », Sami Makki, maître de conférences en science politique, Sciences po Lille, coordinateur du Tremplin sécurité défense / préparation à l’Ecole de guerre.

 

Les sujets évoqués sont principalement

  • La complémentarité UE-OTAN : l’OTAN dispose d’un outil militaire développé tandis que l’UE est plus polyvalente. Elle peut agir efficacement par des sanctions ou en associant des financements et des missions civiles ou militaires. Par contre elle ne peut pas agir sur le territoire de l’Union. (Nicolas Gros-Verheyde)
  • La coopération UE-OTAN : L’OTAN stipule deux engagements : une solidarité, mais qui n’est pas automatique, et une obligation de capacité, qui elle est obligatoire. De fait, les Américains demandent aux Européens de consacrer les moyens nécessaires à leur défense mais ne garantissent pas celle-ci. L’UE pourrait être le 2eme pilier de l’OTAN, mais il lui faudrait une volonté politique. Trop de pays européens affirment une volonté de défense, tout en comptant sur le parapluie américain. Les relations UE-OTAN doivent être redéfinies (Eric Hauteclocque-Raysz)
  • L’attitude des Etats-Unis vis-à-vis de l’UE : elle est ambiguë : « prenez-vous en charge mais restez dépendants, augmentez vos budgets, mais pour acheter américain ». Les Européens affirment vouloir avoir une autonomie stratégique vis-à-vis de l’OTAN, mais ne s’en donnent pas les moyens. Tant qu’un pays de l’OTAN (la Turquie) occupera un pays de l’UE (Chypre), il subsistera un obstacle majeur (Nicolas Gros-Verheyde)
  • Le développement de l’Europe de la défense : Le seul outil militaire véritablement européen, est le Corps européen de gardes-côtes, gardes-frontières (Nicolas Gros-Verheyde) L’OTAN est un fédérateur de nos capacités, ce qui peut aider à l’émergence d’une Europe de la défense. (Eric Hauteclocque-Raysz)
  • Le développement d’une culture stratégique européenne : contrairement à ce que l’on observe aux Etats-Unis, le débat et la réflexion stratégique n’existent pas en Europe dans les centres de réflexion, les Universités, la presse (Sami Makki)
  • Les matériels : Il faut que soient favorisées les fusions d’entreprises d’armement européennes pour acquérir les tailles critiques nécessaires sur le plan international. C’est une évolution en cours, y compris par l’évolution de la doctrine de la Commission en matière de concurrence. La coopération doit devenir la règle dans le développement de nouveaux armements (Nicolas Gros-Verheyde)Des questions de la salle, transmises par SMS sont soumises aux intervenants :
  • L’UE ne va-t-elle pas perdre son Soft Power en s’engageant dans une politique militaire ? Le Soft Power européen est important, mais il faut pouvoir coupler les ressources civiles et militaires (Sami Makki)
  • Quelles sont les principales menaces ? Sont-elles partagées ? Sont partagées les menaces globales de type pandémies, changement climatique, catastrophes naturelles, terrorisme. Par contre la Russie n’est pas une menace partagée (Thomas Pellerin-Carlin)

Quentin Dickinson conclut les débats. François Vié remercie tous les participants.

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