
33 participants, maximum autorisé par la Ville en ces temps de coronavirus. Une majorité de jeunes amenés par leurs professeurs. Retransmissions par Facebook live, essais infructueux pour des raisons techniques de retransmissions par Zoom.
François vié présente Guillaume Duval, ancien rédacteur en chef de la revue « Alternatives économiques »
Celui-ci expose la situation de l’Europe face au corona virus: après quelques difficultés des institutions à coordonner les Etats en début de crise, L’Union européenne a utilisé tous ses outils (budget, Banque européenne d’investissement, Mécanisme européen de stabilité) pour aider les Etats face à la crise en un plan de soutien de plus de 450 milliards d’€.
L’épreuve à la quelle doit faire face maintenant l’Europe est une crise économique, conséquence de la crise sanitaire, la plus grave depuis la dernière guerre. Heureusement, les Européens n’ont pas agi, comme lors de la crise de 2008 « trop peu, trop tard ». Le plan de relance de 750 milliards d’€ a été décidé à temps. Il comporte de nombreuses innovations: l’UE emprunte massivement, une moitié de ce qui est emprunté est donné aux Etats, prioritairement à ceux les plus touchés par la crise, ce qui est un effort inédit de solidarité, des ressources propres sont envisagées pour rembourser l’emprunt. De nouvelles politiques sont en germes : le programme SURE d’aide aux politiques nationales d’indemnisation du chômage, une Europe de la santé.
Des questions subsistent : pour parvenir à un accord sur le Plan de relance, les Etats ont rogné certaines prévisions de dépenses dans le budget pluriannuel, sur des chapitres d’avenir, recherche, fonds de défense, Erasmus. Il n’est pas certain que les ressources propres soient effectivement mises en place. Le plan de relance est censé servir les priorités de la Commission : Pacte Vert, numérique, défense de l’Etats, ce qui reste à vérifier dans sa mise en œuvre.
Le plan ignore l’enjeu international, qui est jugé prioritaire par Guillaume Duval. Pour défendre efficacement ses valeurs, la lutte contre le changement climatique, sa souveraineté économique et technologique, l’Europe doit devenir une « Europe puissance » L’idée fait son chemin mais l’accord entre les Etats sur les objectifs internationaux de l’UE tarde à venir.
Dans le débat qui suit plusieurs questions sont soulevées :
La priorité à long terme reste la lutte contre le réchauffement climatique. Réponse : doutes sur la possibilité de, à la fois, relancer l’économie et mettre en œuvre le « Pacte Vert »
Les fonds arriveront-ils à temps aux acteurs économiques et aux Etats qui en ont un besoin urgent ? R : le montant du plan de relance n’est pas énorme. La BCE a encore un rôle important à jouer.
Quel effet le Brexit aura-t-il sur les capacités de l’UE à décider sur les questions d’avenir ? R : Le Brexit causera une perte d’influence internationale et créera une situation de face à face entre la France et l’Allemagne. Un problème subsiste, posé par la prédominance des petits Etats, qui, combinée avec la règle de l’Unanimité au Conseil, paralyse l’Union dans certains domaines.
L’axe franco-allemand est-il en train de redevenir le moteur de l’intégration européenne ? R l’axe franco-allemand a bien fonctionné pour la mise en place du Plan de relance, mais la France à tort de trop miser sur lui.
Peut-on croire à l’orientation vers une « Europe puissance » prônée par Joseph Borel, Haut représentant pour la politique extérieure ? R : les choses n’avancent pas du fait de la décision à l’Unanimité au Conseil; la France ne joue pas collectif dans sa politique méditerranéenne.
Le Parlement européen et la Commission parviendront-ils à éviter la tendance croissante au fonctionnement intergouvernemental de l’UE ? R : Manque de collégialité dans le fonctionnement de la Commission. Mentionne la thèse de thomas Piketty qui propose de remplacer la Conseil européen (des chefs d’Etats) par un sénat composé de membres des parlements nationaux.
L’Europe avance avec les crises, mais ne conduit pas toujours à terme la mise en place des solutions. Cette fois-ci, l’UE parviendra-t-elle à créer de nouveaux instruments, notamment des ressources propres pour le budget européen ? ; R la ressource essentielle à créer est la taxe carbone aux frontières.
Pour des raisons sanitaires malheureusement, la réunion ne s’est pas clôturée comme d’habitude, par un pot amical.
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